Des témoins oculaires ont rapporté l'incident à l'Agence France Presse (AFP) et ont souligné que plus de 150 manifestants extrêmistes musulmans s'étaient rendus samedi soir à l'église de l'Assemblée de Dieu dans le quartier de Zaria. Ils ont posé des barricades sur la route et brûlé de vieux pneus en signe de protestation. Après avoir incendié l'église, ils ont également brûlé la voiture du pasteur mais, heureusement, aucun blessé n'a été enregistré. Une deuxième église a été attaquée à proximité.

L’imam, Cheikh Rayadoune, a été arrêté samedi et est resté en garde à vue jusqu’à dimanche après-midi. Il s'était prononcé contre le projet de loi vendredi soir dans son message à la mosquée. Cependant, après son arrestation, il s'est excusé en disant qu'il avait été induit en erreur par la traduction du français en haoussa. Cheikh Rayadoune a également publié un communiqué déclarant: « Tous mes partisans doivent cesser de semer le trouble dans la ville. L'islam ne le recommande pas. » Il a également promis de clarifier sa position lors de la prière de vendredi.

La police a arrêté plus de 100 manifestants musulmans à la lumière des violences de samedi. Le Parlement votera sur le projet de loi qui a provoqué l'incident lundi.

Selon un haut responsable du ministère de l'Intérieur, la législation, conçue pour établir des directives officielles sur le culte, était «le fruit de nombreuses consultations… Il n'y a rien d'anti-islam dans le texte». Le projet de loi proposé était principalement une réponse à la violence interreligieuse. et des tensions et comme moyen d'éviter les abus préconisés par les organisations terroristes.

« Depuis deux heures du matin, on est restés éveillés, l’église de Zaria [un quartier populaire de Maradi] a été brûlée, la voiture du pasteur a été brûlée par de individus qu’on ne connaît pas. La gendarmerie est sur place, soyons prudents » a affirmé un responsable de l’église dans un message adressé à ses paroissiens.

Les chrétiens de Zaria sont encore en train de se remettre des suites de l'attaque, laissant sans église une ville où ils peuvent prier en toute sécurité. La population chrétienne du Niger, qui représente seulement un à deux pour cent de l'ensemble du pays, a assisté à l'évolution de graves troubles religieux. Les plus tristement célèbres sont les événements qui ont suivi les publications de 2015 de caricatures du prophète Mahomet, qui ont entraîné plusieurs morts et incendies d’églises.