Ancien fonctionnaire, Kenneth avait été arrêté en 2001 après avoir été accusé d'avoir écrit des lettres jugées blasphématoires envers l'islam. Malgré des signes évidents d'instabilité psychologique et des aveux obtenus sous pression, il avait été condamné à mort en 2002 par un tribunal de Lahore et condamné à une amende de cinq millions de roupies. En 2014, la Haute Cour de Lahore avait confirmé la peine, rejetant les recours pour expertise médicale et grâce, rapporte Claas.org.

Dans sa décision, le collège de trois juges de la Cour suprême a estimé que Kenneth n'était pas mentalement apte au moment des faits et ne pouvait donc être tenu pénalement responsable. Les juges ont souligné les dispositions du droit pakistanais qui protègent les personnes atteintes de troubles mentaux de toute responsabilité pénale, en particulier en matière de peine capitale.

Nasir Saeed, directeur du Centre d'aide juridique et d'établissement (CLAAS-UK), a salué ce verdict de la Cour suprême comme un soulagement bien que tardif. "Anwar Kenneth n'aurait jamais dû être condamné à mort. Il était manifestement inapte mentalement et a été condamné à tort. Bien que nous saluions l'arrêt de la Cour suprême, il ne pourra effacer les 24 années qu'il a perdues dans le couloir de la mort, dont une grande partie en isolement", a déclaré M. Saeed.

Saeed a également critiqué les défaillances systématiques du système judiciaire pakistanais dans le traitement des accusations fausses de blasphème, soulignant que des innocents, comme Kenneth, continuent de subir le même sort. Il a ajouté : "Il n'existe pas de mécanisme efficace pour poursuivre en justice ceux qui portent de fausses accusations. Tant que la loi ne sera pas réformée, d'autres victimes vulnérables continueront de souffrir. Ce n'est pas de la justice, c'est de la persécution systématique."

Le directeur du CLAAS-UK a également mentionné les cas de prisonniers chrétiens confrontés à des injustices similaires : "Des personnes comme Zafar Bhatti, Qaiser Ayub, Asif Pervez et Junaid, entre autres, sont emprisonnées depuis plus de dix ans sur la base de fausses accusations de blasphème. Leurs procès sont continuellement retardés, et la justice leur est constamment refusée." Il a conclu : "Une justice différée est une justice refusée. Si le gouvernement et le système judiciaire ne prennent pas des mesures significatives pour réformer la loi et responsabiliser ceux qui portent de fausses accusations, nous continuerons à assister en silence à des tragédies comme celle de Kenneth."