Depuis plus de six mois, une nouvelle règle en vigueur au Nicaragua interdit l’entrée de Bibles dans le pays, dans le cadre d'une répression accrue du christianisme sous le régime de Daniel Ortega. Cette mesure fait partie d'une série de restrictions sévères visant à contrôler les libertés religieuses et civiles dans le pays.


La Bible, ainsi que d'autres articles tels que les journaux, magazines, livres, drones, appareils photo, denrées périssables et objets tranchants, figure sur une liste d'articles désormais interdits à la frontière. Selon l’ONG Christian Solidarity Worldwide (CSW), qui défend la liberté religieuse, des représentants de la compagnie de transport « Tica Bus », qui assure des liaisons entre plusieurs pays de la région, ont confirmé que les passagers au départ du Salvador ne pouvaient pas emporter ces articles, y compris des Bibles, en direction du Nicaragua, rapporte The Christian Post.

L’interdiction, entrée en vigueur il y a plus de six mois, est dénoncée par les défenseurs des droits humains, notamment Anna Lee Stangl, directrice juridique de CSW, qui a exprimé sa profonde inquiétude : « Les efforts du gouvernement nicaraguayen pour restreindre l'entrée de Bibles et d'autres documents religieux sont extrêmement préoccupants dans le contexte actuel de répression ». CSW a lancé un appel à l'annulation immédiate de cette interdiction, demandant au gouvernement nicaraguayen de cesser ses actions visant à étouffer la liberté religieuse et la liberté d’expression.

Cette interdiction intervient dans un climat de répression croissante des libertés religieuses et civiles. Depuis 2018, les chrétiens ont été particulièrement visés par les autorités. Plus de 1 300 organisations religieuses ont été fermées, et de nombreuses églises ont fait l'objet de surveillances, d’annulations d’événements publics et d’arrestations de responsables chrétiens. Les manifestations religieuses dans les rues ont été interdites, sauf celles approuvées par des groupes proches du gouvernement.

Au cours des quatre dernières années, le gouvernement a fermé plus de 256 églises évangéliques, selon l’organisation Nicaragua Nunca Más. En outre, au moins 200 chefs religieux ont été contraints de fuir le pays, tandis que plus de 65 d’entre eux ont été inculpés de complot et d’autres accusations, et 20 ont perdu leur nationalité. Le climat politique, social et des libertés se détériore de manière significative, exacerbé par la réélection controversée de Daniel Ortega en novembre 2021 pour un cinquième mandat.

Depuis les manifestations de 2018 contre le régime, les chrétiens ont souvent pris position contre la répression violente des protestations et les restrictions sur la liberté d'expression. L'ONU a publié un rapport cette année condamnant la persécution religieuse au Nicaragua, qualifiant le gouvernement de répressif envers les églises et leurs dirigeants. Ariela Peralta, experte de l'ONU, a déclaré que le régime d'Ortega était « en guerre contre son propre peuple ». Ortega a rejeté ces accusations, affirmant que les informations étaient fausses et qu’elles faisaient partie d’une campagne de diffamation orchestrée par des organisations internationales, y compris l’ONU et l'Organisation des États américains.

Le régime de Daniel Ortega est devenu de plus en plus autoritaire, consolidant son pouvoir en nommant son épouse, Rosario Murillo, vice-présidente, et en plaçant le pouvoir législatif et judiciaire sous son contrôle. Le Nicaragua est actuellement classé 30e sur la Liste de surveillance mondiale 2025, qui identifie les 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés.

Dans ce contexte de répression, la communauté chrétienne du Nicaragua continue de se battre pour sa liberté religieuse et ses droits fondamentaux. L'interdiction des Bibles, bien qu'elle soit une mesure parmi d'autres, illustre l'ampleur des restrictions imposées par un régime de plus en plus hostile à la liberté d'expression et à la pratique religieuse. 

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