Dans cette interview, le Dr Paul Kodjo, Aumônier Chef, partage son expertise sur le rôle spécifique de l’aumônier et du pasteur dans l’accompagnement spirituel des fidèles, tant au sein de l’Église que dans les institutions laïques telles que les hôpitaux, les prisons, ou l’armée. Il aborde les distinctions entre ces deux missions, les défis liés à l’intervention dans des environnements variés, et propose des conseils précieux pour les jeunes pasteurs et aumôniers débutants afin d’assurer une collaboration efficace. À travers ses réponses, le Dr Paul Kodjo souligne l’importance de l’écoute, de la souplesse et de l’adaptation dans l’exercice de ces ministères.
Quel est, selon vous, le rôle spécifique de l’aumônier dans l'église ou dans les institutions laïques (par exemple, hôpitaux, prisons) ?
L’aumônier joue un rôle essentiel dans l'église en apportant un soutien aux fidèles, en particulier ceux qui traversent des situations difficiles comme la maladie ou l’exclusion sociale. Il assure également un accompagnement spirituel spécifique pour les personnes hospitalisées ou en détresse. L’aumônier complète ainsi le travail du pasteur en offrant un suivi personnalisé en dehors du cadre strict du culte.
Dans les institutions laïques, telles que les hôpitaux, les prisons, les armées ou les écoles, l’aumônier offre une présence spirituelle là où l’Église traditionnelle n’intervient pas directement. Il assure une écoute et un soutien moral sans distinction de religion ou de croyance, tout en respectant les principes de neutralité, tout en restant fidèle aux valeurs chrétiennes.
Y a-t-il une différence fondamentale entre les missions d’un pasteur et celles d’un aumônier dans l’accompagnement des fidèles ?
Le pasteur gère une communauté chrétienne en assurant la prédication, l’enseignement biblique et les sacrements. Il se concentre principalement sur le culte, les activités ecclésiastiques et la gestion de l’église, tout en accompagnant spirituellement les fidèles, principalement ceux qui fréquentent l’église.
L’aumônier, quant à lui, intervient dans des institutions laïques ou spécifiques, au-delà du cadre de l’Église. Il offre un soutien moral et spirituel, souvent dans des situations de souffrance ou d’urgence. L’aumônier adapte son approche pour être accessible à tous, y compris aux personnes non croyantes ou de différentes confessions.
En résumé, le pasteur est ancré dans une communauté religieuse, tandis que l’aumônier accompagne des individus dans divers environnements. Le pasteur enseigne et guide la foi, tandis que l’aumônier écoute et soutient sans imposer de croyance.
Dans quelles situations l’aumônier peut-il être amené à intervenir dans des domaines que le pasteur n’aborde pas directement ?
L’aumônier intervient dans des situations où le pasteur n’a pas directement de mission. Dans le milieu hospitalier, il accompagne les patients et leurs familles lors de moments difficiles, et il assure aussi le suivi du personnel médical. Dans les prisons, il offre un soutien aux détenus et aux gardes pénitentiaires pour leur reconstruction spirituelle et morale. Dans l’armée, l’aumônier est présent pour soutenir les soldats confrontés à des situations extrêmes.
De plus, dans des institutions laïques, l’aumônier intervient sans dogmatisme, en respectant la pluralité des croyances. Il peut également être appelé à intervenir lors de catastrophes ou de crises, en apportant réconfort et soutien aux victimes. En somme, l’aumônier agit souvent là où l’écoute est primordiale, en guidant sans imposer de croyance.
Est-il possible pour un pasteur de combiner simultanément la fonction de pasteur et d'aumônier ? Si oui, comment cela se fait-il dans la pratique ?
Il est tout à fait possible pour un pasteur de combiner les fonctions de pasteur et d’aumônier, mais cela exige une gestion équilibrée de ses engagements et une adaptation de son approche en fonction du milieu. Par exemple, un pasteur peut exercer son ministère dans son église tout en assurant des visites en hôpital ou en prison. Certains pasteurs servent aussi comme aumôniers militaires, conciliant prêches et soutien moral aux soldats.
Il doit moduler son discours : en église, il prêche et enseigne, tandis qu’en aumônerie, il écoute et conseille. Cette double mission peut être une richesse, mais elle demande une grande souplesse et un discernement précis.
Y a-t-il des moments où les rôles du pasteur et de l’aumônier se chevauchent ou se superposent ? Si oui, comment gérer cette situation ?
Oui, il peut y avoir des moments où les rôles du pasteur et de l’aumônier se chevauchent. Dans ce cas, il est important de mettre en place une collaboration efficace et une communication claire pour éviter toute confusion. Il est essentiel de définir précisément les rôles de chacun afin de respecter les spécificités de chaque fonction.
Il convient également de respecter les règles des institutions, qu’elles soient laïques ou religieuses. Dans un cadre laïque, il est nécessaire de ne pas imposer une approche pastorale stricte et de faire preuve de souplesse dans l’adaptation de ses interventions. Un pasteur qui devient aumônier doit apprendre à ajuster son accompagnement et son langage selon les besoins du contexte.
Dans un cadre laïque, comment l’aumônier peut-il s’assurer que ses actions restent en harmonie avec les principes chrétiens tout en respectant la neutralité des institutions laïques ?
L’aumônier doit adopter une approche universelle et non prosélyte. Il offre un soutien moral et spirituel sans chercher à convertir. Il veille à respecter le cadre institutionnel en adaptant son discours aux règles des établissements laïques, tout en restant fidèle à ses valeurs chrétiennes.
L’essentiel est de privilégier l’écoute et l’assistance humaine avant tout, en travaillant avec des acteurs divers pour offrir un accompagnement inclusif et éthique. L’aumônier incarne la foi par ses actions et ses comportements, plus que par ses paroles.
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes pasteurs et aumôniers qui débutent dans leur ministère pour assurer une meilleure collaboration ?
Aux jeunes pasteurs et aumôniers, je conseillerais de faire preuve d’humilité et d’écoute. Il est essentiel d’apprendre des autres, de s’adapter aux contextes et de toujours dialoguer. Il est également important de clarifier son rôle, de définir ses responsabilités et de comprendre les attentes des institutions où l’on intervient.
La médiation et la diplomatie sont également cruciales pour savoir gérer les conflits avec bienveillance et pour accompagner les individus de manière constructive. La formation continue est également indispensable pour se perfectionner en théologie, en psychologie pastorale et en gestion de crise. Enfin, il est essentiel de travailler en réseau et de construire des collaborations solides entre les églises et les institutions.
La relation entre le pasteur et l’aumônier est à la fois riche et complémentaire. Tandis que le pasteur guide une communauté religieuse, l’aumônier soutient les individus dans des environnements divers. Pour une collaboration harmonieuse, il est essentiel de bien comprendre les distinctions entre ces rôles, d’adapter les interventions en fonction des contextes et de respecter les règles des institutions.
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