Les premiers rapports de la police ont suggéré que l'incident était dû à une défaillance des freins du véhicule, mais les résultats de l'enquête ont révélé un scénario bien plus inquiétant. Une commission formée par les autorités de l'État de Gombe a conclu que le chauffeur du camion, identifié comme Usman Muhammed, avait agi intentionnellement. Les témoins ont rapporté que le véhicule n’a pas ralenti ni klaxonné avant de percuter le cortège, puis s’est immobilisé sans difficulté, ce qui suggère que le conducteur avait l’intention d’écraser les participants à la procession, rapporte Morning Sar.

Le cortège, constitué de chrétiens célébrant le lundi de Pâques, a été frappé par le camion-remorque de 18 roues rempli de céréales. Selon les déclarations de dirigeants locaux tels qu'Andele Tadi et David Yohanna, le conducteur, un musulman, a accéléré à l’approche du groupe de chrétiens, les fauchant violemment par derrière sans aucune tentative de prévenir l’incident.

Après l’attaque, les blessés ont été rapidement transportés à l’hôpital général de Billiri, mais les conditions de soins étaient loin d’être idéales. La pharmacie de l’hôpital était fermée et aucun personnel de garde n'était présent, forçant les volontaires à se rendre dans une pharmacie voisine pour procurer les médicaments et les équipements d’urgence nécessaires.

Le président du comité ad hoc de l’enquête, Rambi Ayala, a confirmé que 18 des blessés étaient toujours hospitalisés, avec des blessures graves. Parmi les six chrétiens tués dans l’incident, les noms suivants ont été rendus publics : Grace David, Clement Lakason, Ephraim Ibrahim, Faida P. Uslas, Rejoice Mela, et Praise Ayuba.

Cet incident tragique s'inscrit dans un schéma de violences répétées contre les chrétiens dans la région. Les habitants de Billiri ont souligné que ce n'était pas un cas isolé. En décembre dernier, un autre camion conduit par un musulman a percuté une foule de chrétiens lors des célébrations de Noël à Gombe, blessant 15 personnes. En 2019, un policier musulman avait délibérément foncé avec sa voiture sur un groupe de jeunes chrétiens célébrant Pâques dans la ville de Gombe, tuant 10 d'entre eux et en blessant plus de 30.

Ces incidents ont conduit les habitants de Billiri à affirmer que de telles attaques ne sont pas simplement des "accidents", mais des actions délibérées et ciblées contre les chrétiens. "Ce cycle sanglant doit cesser", a déclaré Nathaniel Chechera, un résident local. "Il ne s'agit pas d'incidents isolés, mais d'une série de violences qui visent délibérément les chrétiens."

Le Nigéria continue de figurer parmi les pays les plus dangereux pour les chrétiens, comme le révèle le rapport de la World Watch List 2025 d'Open Doors. Sur les 4 476 chrétiens tués dans le monde au cours de l'année écoulée, plus de 3 100 (69%) ont été tués au Nigéria, illustrant le niveau alarmant de violence religieuse qui frappe les chrétiens dans ce pays.

Les attaques, souvent menées par des groupes djihadistes tels que Boko Haram, l'État islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP), et des milices islamiques peules, sont de plus en plus fréquentes et ciblent les communautés chrétiennes, principalement dans les zones du centre-nord du Nigéria. La violence s'est récemment étendue aux États du sud, avec l'émergence de groupes djihadistes comme Lakurawa, affiliés à Al-Qaïda, qui visent à imposer un programme islamiste radical dans la région.

La violence de Gombe et les attaques similaires à travers le Nigéria soulignent la persistance des tensions religieuses dans le pays et la nécessité urgente de mettre fin à ce cycle de violence. Les autorités doivent agir rapidement pour garantir la sécurité des communautés chrétiennes et mettre fin aux attaques délibérées comme celle qui a eu lieu à Billiri. La communauté internationale doit également porter une attention accrue à la situation des chrétiens au Nigéria et soutenir les efforts pour la paix et la réconciliation.