En Allemagne, de nombreuses églises protestantes et catholiques ferment leurs portes en raison d'une fréquentation en forte baisse et de difficultés financières. Un phénomène qui a conduit les temples à se réinventer en lieux dédiés à des activités non religieuses.


Les églises en Allemagne, déjà confrontées depuis plusieurs années à un déclin de leurs fidèles, voient leurs édifices se vider peu à peu. Face à cette situation, nombre de ces lieux de culte ont été reconvertis en espaces laïques, allant de centres sportifs à des discothèques, comme le rapporte le journal Deutsche Welle.

En outre, plusieurs de ces églises sont anciennes et classées comme monuments historiques, ce qui implique des coûts de rénovation élevés. De ce fait, certaines confessions religieuses, comme l'Église évangélique d'Allemagne centrale (EKM), ont été contraintes de vendre leurs bâtiments. Les nouveaux propriétaires les transforment souvent en cafés, restaurants, espaces de loisirs ou même en discothèques.

Selon l’Église évangélique d’Allemagne centrale, « Nous n’avons plus besoin de la moitié des églises et nous devons envisager d’autres solutions ». Toutefois, la vente de ces bâtiments s’avère complexe. De nombreuses églises sont soumises à des restrictions liées à leur statut de patrimoine, rendant leur démolition ou modification impossible. Par ailleurs, certaines structures sont dans un état de dégradation avancé.

Afin de réduire les coûts, des solutions alternatives ont émergé, comme le partage d'un même lieu de culte entre catholiques et protestants. C'est le cas dans 51 églises de la région d'Oberpfalz, dans le sud-est du pays, où les deux communautés célèbrent désormais leurs offices ensemble.

D'autres églises fermées ont trouvé une nouvelle vocation en devenant des espaces polyvalents, comme des centres d'événements, des galeries ou des bars. À Bad Orb, une église catholique fermée en 2016 a été transformée en centre d'escalade pour jeunes et renommée "Boulder Church". Le prêtre de l'époque n'a pas hésité à grimper les murs, soulignant l'aspect symbolique de la transformation.

Des projets similaires ont vu le jour à Mönchengladbach et Gelsenkirchen, où des églises ont été réaménagées en "églises des grimpeurs". À Limbourg, la "Kapelle auf dem Schafsberg" a été convertie en restaurant et espace événementiel, tout comme l'ancienne église Martini de Bielefeld.

À Berlin, l’église protestante Heilig-Kreuz a été métamorphosée en un café-bar LGBT-friendly baptisé "Pandoras". Cet espace accueille désormais des concerts, des pièces de théâtre et des soirées DJ. Une autre église berlinoise, Saint-Thomas, a même vu ses portes s’ouvrir à des rave parties.

Le déclin des fidèles catholiques et protestants s'est intensifié ces dernières années. Avec un nombre de membres en constante diminution, les églises peinent à maintenir leurs bâtiments. Le coût annuel d'entretien d'une église en Allemagne avoisine les 26 500 €, soit environ 1,2 milliard d'euros pour l’ensemble des 47 000 temples du pays.

Selon la chercheuse Stefanie Lieb de l’Institut d’histoire de l'art de l’Université de Cologne, « À l'avenir, entre 40 et 50 % des églises ne serviront plus uniquement de lieux de culte ». En 2023, les catholiques représentaient 23,7 % de la population allemande, soit environ 19,7 millions de fidèles, tandis que les évangéliques en comptaient 18 millions (21,5 %). Ce chiffre pourrait chuter à 23 millions d’ici 2060, prévoient les projections démographiques.

Ce phénomène de fermeture des églises et de reconversion en espaces laïques n'est pas exclusif à l'Allemagne. D’autres pays européens ont également connu des situations similaires, comme l’église de Santa Bárbara à Llanera, en Espagne, transformée en un lieu de skate appelé "Kaos Temple". 

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